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« Smorfia » | 2021

 90 dessins de crânes (sélection)

 32x24 cm

 Fusain, encre et graphite sur papier

« Le Purgatoire est un lieu de passage, un enfer mineur et temporaire, une zone-transit entre mort et résurrection, pour qui n’a pas été tout à fait bon ni assez méchant […]. Un lieu destiné aux justiciers, aux morts violemment, sans sépulture, aux étrangers inconnus, aux morts anonymes […] aux morts ratés, aux morts moyens, ni bienheureux comme les élus, ni vraiment désespérés comme les damnés. […] les vivants ont le pouvoir de les soulager, de les rafraîchir grâce à un système de transaction où chacun trouve son compte : le dévot allège les peines des âmes et celles-ci, en échange, lui rendent quelques services. […] Le culte se forme sur un rituel d’adoption ; un individu élit un des crânes anonymes – avec les os, seule trace concrète des âmes […] Il devient alors l’objet de tous ses soins. Il le nettoie, le lustre, le pose sur un mouchoir […] Il lui rend de fréquentes visites, allume des veilleuses, dépose des fleurs, lui adresse des prières, l’effleure, l’embrasse. Le crâne sort alors de l’anonymat, prend l’identité du dévot et se transforme en esprit protecteur […]. Il exauce ses prières : tranquillité économique, bonne santé, prévisions diverses. S’il n’est pas entendu, le fidèle peut se montrer implacable : il néglige le crâne[…]. Quant à elle, l’âme […] lui apparaît parfois en songe pour réclamer davantage, faire des remontrances. L’âme en peine connaît le futur – donc les numéros du loto – et a le pouvoir de les divulguer à travers les rêves. Au dormeur de transcrire des combinaisons […]. Si par hasard les chiffres figurent tels quels, la victoire est assurée. »       

                                                                                                         

Suzanne DOPPELT, Magie Napolitaine, Article dans Vacarme, 1999

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